Comment le livre fit entrer le Japon dans ma vie (partie 1)

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Isa est… relieur…..un mot magique pour deux pays aux traditions artisanales célébrées dans le monde entier !

Une interview sur mon histoire avec la reliure et le Japon. Un grand merci à Patricia de Tabitabiya !

Comment le livre fit entrer le Japon dans ma vie… est l’histoire qu’ Isa Aucouturier, une bien belle personne au bien joli métier, va nous conter aujourd’hui. La vie fit entrer le Japon dans son art. En effet, Isa est… relieur…..un mot magique pour deux pays aux traditions artisanales célébrées dans le monde entier !

Cela faisait longtemps que Tabitabiya avait envie de vous présenter ces doigts de fée créateurs de livres dans le respect des traditions françaises et japonaises. Et voilà !!!

Peux-tu nous parler de ton aventure dans la reliure ? Comment est-elle entrée dans ta vie? Comment t’es-tu formée? Et comment l’artisan que tu es a pu tracer son chemin?

Depuis mon plus jeune âge, j’aime les livres. Tout d’abord, l’objet, avec le toucher, la prise en main, le format, son poids, les couleurs, image ou photo de la couverture. Puis vient l’intime du livre avec l’intérieur : tourner une page après l’autre, l’odeur d’un livre différente si c’est un livre neuf, d’occasion (la poussière, le tabac, les parfums…) et même les petites annotations que l’on peut trouver dedans et qui, parfois, donnent des pistes de chez qui il est allé, lui donnant aussi une dimension particulière de transmission de l’écrit et tout ce que l’on peut imaginer sur le parcours qu’il a suivi pour arriver jusque dans nos mains. Ce livre est chez moi pour un temps, un jour il sera ailleurs pour une autre personne.

Ensuite, l’écrit à proprement parler et tout ce qu’il renferme et qui permet de rêver, voyager, découvrir…

Le livre comme compagnon : avec le livre on peut guérir de certaines blessures, oublier le réel un moment, vivre des situations, des émotions que l’on n’aurait peut être pas rencontrées dans notre quotidien et aller jusqu’à se constituer une « base de données » de situations et émotions non vécues mais éprouvées qui aident à prendre du recul dans sa propre vie.

Grandir avec des livres, les aimer, aimer les lire, en offrir, discuter autour des livres lus et partager parce que finalement, la lecture est solitaire mais elle est encore plus belle quand on peut la partager ! Et parfois rencontrer des livres tellement abîmés par le temps, les usages, le manque de soin, en être triste et impuissante. Jeune, j’aurais tellement aimé les remettre en état pour qu’ils puissent de nouveau être lus.

Au lycée, je souhaitais devenir relieur. Je connaissais ce métier parce que mon grand-père l’avait pratiqué en amateur. J’aimais travailler avec mes mains. L’artisanat d’art et plus précisément la reliure avec la finesse du travail, la patience, la recherche de connaissances dans certains cas, les temps seuls alternés avec la rencontre des clients me semblaient être l’orientation professionnelle idéale mais cela s’est fait autrement et l’idée a été remisée au fond de mon cœur.

De longues études plus tard, après la naissance de mon premier enfant et un boulot dans lequel je dépérissais, j’ai retrouvé cette envie de devenir relieur. Soutenue par mon mari et l’envie d’agir, j’ai rencontré Catherine Chauvel (Meilleur Ouvrier de France), relieur à Paris, où nous habitions, qui proposait une formation professionnalisante dans son atelier avec la possibilité de passer un CAP Art de la reliure et dorure.

Je me suis lancée dans cette formation avec un immense plaisir et ai vécu une année extraordinaire qui s’est soldée par l’obtention de mon CAP en juin 2006.

Et la rencontre avec le Japon ?

 A l’issue de ce CAP, pour des raisons professionnelles nous avons eu la possibilité de partir vivre un an (renouvelable) au Japon (nous y sommes finalement restés 5 ans). Mon mari chercheur avait trouvé un contrat de travail à Todai (Tokyo). Nous n’étions pas dans des conditions d’expatriation mais plutôt « invités » par le gouvernement japonais qui proposait aux jeunes chercheurs, de tous les pays, qui le souhaitaient de venir mettre à disposition leurs connaissances pour le Japon. Aussi nous sommes partis avec une valise chacun (20kg par personne) et deux cantines en métal avec tout mon matériel de reliure dedans, quelques livres aussi ! Nous avons trouvé un petit appartement en location dans un quartier sans expats, au-dessus d’un temple et c’est là que j’ai monté mon premier atelier de reliure.

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